De Bundi à la Kumbha Mela

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Moji Baba, entourée de ses disciples De Bundi (Rajasthan) à la Kumbha Mela, avec un groupe de pèlerins rajasthanis auquel on s’est joint grâce à Mamaji, notre logeuse à Bundi, qui s’y rendait aussi avec les autres membres de la communauté de Mahamandeswar Hema Saraswati Shri Moji Baba (« Mozi Baba », pour faire court et en phonétique…), une femme guru de Kota. Ils partent une semaine à la Kumbha Mela, où Mozi Baba à un camp au secteur 7, afin de faire la lecture de la Bhagavad Gita.

Mille bornes, 24 heures de bus. Première nuit de difficile d’une longue série, mais on découvre peu à peu des gens adorables.

Détails du périple:

Lever aux aurores

Notre Mamaji indienneSix heures du mat’, PA et moi sommes prêts à partir. On descend nos affaires devant le RN Haveli Guesthouse où on est supposé retrouver la propriétaire, avec qui nous partons pour le Kumbha Mela. Elle n’est pas prête. J’adore me lever aux aurores pour que dalle. On poireaute donc. Un rickshaw arrive peu après. Puis notre Mamaji indienne, finalement. On bourre le rickshaw, on s’entasse et on décarre dans la nuit. Après quelques minutes de route dans une Bundi déserte, on s’arrête devant une maison, dans ce qui semble être un quartier de la middle class. On est chez sa sœur.

Chez la soeurette

La soeurette de notre MamjiOn entre dans une pièce bleue où trois lits sont disposés ça et là. Des personnes dorment dans deux d’entre eux, cachées sous un amas de couvertures. Comme beaucoup d’intérieurs indiens, tout est très fonctionnel et la décoration n’est pas le souci principal des habitants du lieu. Un frigo dans un coin, une longue table dans un autre. Des journaux entassés. Trois portes donnent sur d’autres chambres où visiblement d’autres personnes dorment. La sœurette, est déjà réveillée et s’affaire dans une semi-obscurité, assise par terre à côté de son lit, à cuire du tchaï, un déambulateur et une cane tripode à porte de main. Hospitalité oblige. On s’assied sur un lit vide, face à elle, dans l’attente de la salvatrice boisson revigorante.

Shruit, la nièce de notre MamajiSous le bruit de nos conversations, deux têtes émergent des couvertures. Les petites filles de la sœurette se dressent l’une après l’autre dans leur lit, souriantes mais surprises – à juste titre – de découvrir au réveil des occidentaux dans leur chambre. On fait donc la connaissance de Krisha, 15 ans, et Shruti, 13. Adorables.

Tandis que le tchaï passe de main en main, la sœurette s’assied sur son lit à la force des bras. On constate alors qu’elle est non seulement haute comme trois pommes, mais aussi handicapée. Lorsqu’enfin tout le monde est prêt, quelques tchaï plus tard, on propose à la sœurette de l’aider à sortir avec ses bagages. Refus catégorique. Elle veut se débrouiller seule. Shruti nous accompagne à la Kumbha Mela alors que la grande sœur reste à Bundi. On s’entasse à nouveau dans des rickshaws et on file jusqu’au bus qui nous mènera à Allahabad, stationné devant un temple rudimentaire en banlieue de la ville. La route se transforme en piste, les rickshaws dansent sur les cahots. Il doit être huit heures quand on y arrive.

Premiers contacts

Le bus en plein chargementQuelques personnes sont regroupées auprès du bus, certaines en train de charger la galerie avec des baffles, du matériel sono, des batteries de cuisine, des bâches, des valises, des sacs, des baluchons, des tissus. Je regarde la scène, m’allume une clope, puis me dirige vers un groupe de pèlerins rassemblés près de l’entrée du temple. A peine arrivé, je me fais rembarrer par une petite grosse d’une trentaine d’année qui d’entrée nous regarde de haut. Elle aime pas la fumée, de toute évidence… Peu après, je prends une photo du bus et des gens qui commencent à arriver. La même m’engueule car elle a cru que je photographiais le caniveau pestilentiel qui longeait la route. « Ben, le voyage promet ; ça va être super… » me dis-je en moi-même. Dommage, car c’est celle qui maîtrise le mieux l’anglais de toute l’équipe.

La moyenne d’âge des pèlerins est relativement élevée. Une grande majorité de femmes fait partie du voyage. Peu de jeunes nous accompagnent, mis à part Shruti et quelques techniciens. On a un peu l’impression d’être dans une version indienne d’un voyage en bus pour Lourdes en compagnie de vieilles bigotes. Mais l’ambiance se révélera assurément plus joyeuse qu’avec un groupe de cathos moribondes.

La conférence de presse

Les pèlerins de Bundi regroupés devant la presse localeSoudain c’est l’effervescence. La presse arrive. Car les pèlerins de Bundi qui partent à la Kumbha Mela vont avoir leur article dans le canard du coin. Ça commence par les photos de groupe, puis une caméra vidéo antédiluvienne sort. La presse audio-visuelle s’y met. J’ai droit à mon interview pour la TV locale. J’essaie d’exprimer maladroitement mes motivations à aller à la Kumbh’, qui sont loin d’être religieuses. Au grand désarroi des journalistes qui n’ont apparemment pas eu le sujet qu’ils espéraient.

Un peu cougne-cougne, les sièges...Pendant ce temps, les affaires sont redescendues du toit du bus, celles de la soute en sont sorties, puis tout y est remis dans un ordre différent. Lorsqu’enfin tout s’est encastré, c’est notre tour de nous entasser dans le bus. Les sièges sont étroits, l’espace pour les jambes plutôt réduit pour nos tailles d’occidentaux. On se réjouit déjà d’arriver ce soir à la Kumbha Mela.

La sœurette, qui se déplace avec son déambulateur, traîne la patte. Elle se déplace difficilement, mais avec une volonté impressionnante. Au moment de monter dans le bus, elle refuse toute aide, s’assied sur la première marche et monte toutes les suivantes en se hissant à la force des bras, jusqu’à arriver dans l’habitacle.

Départ pour la Kumbha Mela

A 9h30, le bus s’ébranle et démarre sur la piste inégale. Les femmes entament alors des bhajans rythmés en tapant dans leurs mains, les hommes répondent timidement. On se détend. La petite grosse acariâtre ne fait finalement pas partie du voyage. Elle nous rejoindra plus tard à la Kumbh’. Un petit minibus nous accompagne aussi. La voiture balais ? Dedans, le grand brahmane en chef, sa femme et sa fille, Chitra, la seule jeune femme du pèlerinage avec Shruti.

Quelque part entre le Rajasthan et l'Uttar Pradesh

Le bus roule des heures, traversant de magnifiques paysages de colza (transgénique ?) en fleur. On croise des troupeaux de moutons, quelques chefs-lieux marchands. Des véhicules étranges et sans nom, passablement délabrés, encombrent parfois la route. Shruti et sa grand-mère sont installées devant nous. Elle essaie de discuter, pleine d’enthousiasme, avec ses trois mots d’anglais. Elle m’emprunte mon appareil photo et mitraille dans le bus. Elle est vive et débordante d’énergie, avec un sourire radieux, et partage joyeusement. Elle n’a pas encore acquis la réserve qu’ont généralement les femmes indiennes envers les hommes.

Pause bouffe dans un dhaba

Vers 13h, le bus s’arrête : pause bouffe dans un dhaba en bord de route. Quelques pèlerins commandent un thali au resto, mais la grande majorité s’installe sur une bâche qu’ils ont apportée et sortent des plats préparés la veille.

Pause bouffe dans un dhaba

A six cents kilomètres d’Allahabad quand la nuit tombe

Un peu plus tard, le bus arrive à un péage. C’est la première fois que j’en vois un en Inde. Le caissier est assis en tailleur sur un étroit muret à l’extérieur de sa guitoune. On roule tout l’après-midi. J’essaie de suivre notre trajet sur ma carte routière. On avance pas rapidement et il semble vite illusoire d’arrive à Allahabad avant minuit. Lorsque la nuit tombe, on arrive à peine à Agra. On a fait à peine quatre cents kilomètres. Il en reste encore six cents à faire…

En soirée, on s’arrête à une échoppe sur le bord de la route. Le vendeur essaie de nous arnaquer en poussant un peu trop les prix. Les copains du bus s’en aperçoivent et l’insultent. Le mec ne sait plus où se mettre, n’ose pas reconnaître son fait et campe sur ses prix. On repose alors tout sur le comptoir et on se casse. « On s’arrêtera plus loin » me dit un des râjasthânis.

Premier tchaï du matin

Un des pèlerinsLa nuit se passe comme une nuit dans un bus… réveil tôt. On attend impatiemment la première halte tchaï. Quand elle arrive, le brume matinale n’est pas encore levée et le tchaï pas encore prêt. On a retrouvé le froid. On s’emmitoufle, glauques, dans nos couvertures et on attend qu’il arrive. Le pauvre tchaïwallah s’affaire pour satisfaire tout le monde : cinquante tchaï à tirer illico au réveil…

La ruée vers l'or brun...

Deuxième tchaï du matin...

On arrive enfin à Allahabad vers 10h30 le lendemain du départ. Plus de vingt-quatre heures de bus. Mais on est pas encore installés à la Kumbha Mela…

Galerie photos brute du voyage en bus, livrée telle quelle, les photos ne sont pas classées.

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