Yazd serait une des plus anciennes villes encore habitée au monde. Sa vieille ville, construite autour de la mosquée Jameh, est une des plus belles que j’aie eu l’occasion de visiter dans ma vie. C’est un véritable labyrinthe de petites ruelles bordées de haut murs en pisé. Quelques photos en diront plus que mille mots…
Le bus de Téhéran m’a laissé à l’entrée de la ville (le nouvelle) vers neuf heures du soir, au milieu de rien ou presque. Trois taxis attendaient. Comme aucun d’entre eux ne parlais anglais, j’ai péniblement réussi à leur faire comprendre que je voulais aller au Silk Road Hotel, en plein vieille ville, à deux pas de la mosquée Jameh. Les trois s’étaient mis d’accord: 100’000 IR. Le prix du billet de bus depuis Téhéran… j’avais pas l’impression de me faire arnaquer. Mais bon, pas trop le choix, donc j’ai accepté.
C’est vrai qu’on a roulé un bon moment, d’autant qu’il savait pas trop où c’était. Il a demandé plusieurs fois son chemin, on a tournicoté dans les petites ruelles de la vieille ville, jusqu’à ce que quelqu’un à qui il demandait son chemin se propose pour m’accompagner. Ce que j’ai accepté avec plaisir. C’était fort heureusement à deux pas. Mais complet. On m’a donc envoyé à l’Orient Hotel, pas très loin, de l’autre côté de Jameh Mosque St. Celui-ci, par contre est vide ou presque. Mais superbe. Comme toutes les anciennes maisons cachées par ces hauts murs de pisé:
Vidéo d’une balade dans la vieille ville de Yazd
Du plaisir de se perdre dans Yazd
J’ai passé quatre jours à me balader et me perdre dans le labyrinthe, à traiter mes photos et à rédiger mes posts en retard. J’arrive enfin à me mettre à jour. Il y a juste pour la mise en ligne des photos que je n’ai pas pu faire ce que je voulais, faute à la connexion Internet lente et à ses déconnexions fréquentes qui empêchent l’upload de gros fichiers.
Je suis arrivé un jeudi soir et le lendemain, vendredi, j’ai fait une monstre balade dans les pourtours de la vieille ville, mais tout était fermé. J’ai visité plusieurs bazars complètement déserts. Les rues étaient totalement vides. Étrange impression. Et ici, pas vraiment de parcs verdoyants pour de reposer. Le soleil tape dur (35°C), mais l’air est très sec, ce qui rend la chaleur supportable.
Le lendemain, je suis parti dans le labyrinthe de la vieille ville, en m’extasiant devant la beauté des lieux. J’ai passé la journée à mitrailler et la soirée à traiter mes photos. Le jour suivant j’y suis retourné. Mais toujours des bazars déserts. En fait, comme je me balade plutôt l’après-midi, il semble que ce soient les mauvaises heures: les commerces ferment à cause de la chaleur pour rouvrir en début de soirée. Je vais aller vérifier cela ce soir.
Ici aussi, les iraniens sont curieux et très prévenants, d’une grande hospitalité. A l’hôtel, alors que j’étais en train de traiter mes photos, plusieurs membres d’une famille qui discutaient pas loin en mangeant des pâtisseries sont venus m’en offrir. Les gens me saluent dans la rue, m’abordent et discutent un moment lorsqu’ils parlent un peu anglais ou me font des sourires lorsque la langue pose problème.
…Et j’ai enfin trouvé des restos excellents. Hier, au resto du Silk Road Hotel, j’ai goûté pour la première fois à du dromadaire. En ragoût. Ça ressemble beaucoup à de boeuf, en un peu plus coriace. Le pain était excellent, avec des graines d’anis incrustées et de la coriandre. Le doogh, une boisson salée au lait, était excellent aussi. Sinon, à la cuisine de l’Orient Hotel, malgré une carte assez fournie, il n’y a jamais que deux ou trois plats disponibles. Mais bons.
Côté restos toujours, deux surprises: le Hammam-e Khan Restaurant, un superbe resto construit dans un ancien hammam, et le Malek-o Tojjar qui fait aussi hôtel, situé dans une maison d’une grande beauté. (voir article détaillé)
*** Un peu plus tard ***
De retour de ma balade de fin de soirée, je confirme: Yazd renaît entre 18h et 22h. Les bazars s’ouvrent, la population ressort et flâne dans les rues. Les commerces ferment donc durant les heures les plus chaudes de la journée.
[Anecdote] Comme j’étais en train de boire un jus d’orange en fumant une clope, assis sur une chaise devant l’échoppe d’un vendeur de jus, un petit vieux haut comme trois pommes et tout fripé m’est passé devant, s’est arrêté et m’a fait comprendre par mime que la fumée était mauvaise pour pour la santé et que je devais arrêter.
Une ville en danger?
Par ailleurs, Yazd est une vieille ville construite en pisé et en briques non cuites, donc assez vulnérables. Les maisons sont très anciennes et beaucoup mériteraient de lourds travaux de rénovation pour être sauvées de la ruine. Beaucoup ont malheureusement déjà dépassé ce stade. Au vu de la situation économique générale de l’Iran dont tous les iraniens rencontrés se plaignent, avec une inflation allant jusqu’à 600% sur ces deux dernières années pour certains produits de base, l’avenir de la ville est inquiétant, faute d’investissements en faveur de ce patrimoine exceptionnel. Les ouvriers de la région ont pour l’instant préservé leur savoir-faire traditionnel, mais jusqu’à quand? Les sanctions économiques internationales contre l’Iran, ainsi que les risques de guerre à court ou moyen terme, ne laissent rien présager de bon pour ce qui est à mon sens l’une des merveilles du monde.