Virée à Sarita Vihar, banlieue industrielle de Delhi

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Deuxième jour à Delhi, réveil à 8h30 après une nuit de près de douze heures à se les geler. Il fait 15 °C dans la chambre et on se met à craindre un peu pour la Kumbha Mela. Réveil pénible. La nuit blanche de l’avion et le décalage horaire se font sentir. Je supporte de moins en moins l’un et l’autre et je mets chaque fois plusieurs jours à m’en remettre.

Petit matin à Paharganj

Mon tchaïwallah à Paharganj

Paharganj à DelhiJe reprends mes habitudes en buvant un tchaï chez mon tchaïwallah un peu bourru du coin de la rue, en face de l’Imperial Cinema, chez qui je vais à chacun de mes séjours à Delhi. Ça fait trente ans, dit-il, qu’il fait des tchaïs. Ils sont excellents et parviennent un peu à nous réchauffer. Un petit dej’ suit sur une terrasse ensoleillée de Paharganj. Autour, la vie indienne s’écoule sans changements avec les années. Les mendiants rampent, les rickshaws klaxonnent, les chiens errants dorment encore ici ou là, si possible dans un rayon de soleil. Un sadhu de pacotille tend sa sébile aux touristes, un groupe d’indiens emmitouflés dans des couvertures tente de se réchauffer autour d’un brasero.

 

 

Une nouveauté cependant : l’arrivée de rickshaws électriques. Une révolution en Inde… Il faut reconnaître que l’atmosphère de Delhi, bien que toujours surpolluée, s’est tout de même améliorée ces dernières années. La plupart des transports publics sont passés au gaz (CNG). Il suffit de se moucher pour s’en rendre compte : il y a quinze ans, le mucus était noir ; aujourd’hui, il est à peine grisâtre…

Vintage Rides

Un peu à l’écart de Main Bazaar, on trouve un petit money changer où PA change un peu de fric pour ses achats qu’il préfère faire à l’arrivée qu’au départ. 56 roupies pour un francs suisse. A l’aéroport, on l’a aperçu à 52 roupies. Chez le money changer, on apprend que le 26 janvier, c’est la fête nationale indienne… et que tout est fermé. Or, j’ai rendez-vous chez Vintage Rides, une agence de voyage spécialisée dans les trips en moto en Inde, pour discuter d’une éventuelle collaboration. Mais comme l’agence est essentiellement gérée par des occidentaux, on tente en se disant que c’est peut-être ouvert. On prend donc le métro jusque à Sarita Vihar, dans une banlieue industrielle au sud de la ville.

Sarita Vihar

La sortie du métro et Vintage Rides se trouvent de part et d’autre d’une des principales voies ferrées de la capitale, et pas de passage direct de l’un à l’autre. On remonte donc une rue à fort trafic jusqu’à un passage à niveau. En chemin, on tombe sur un (« le » ?) concessionnaire Aston Martin et Rolls Royce, situé dans un immeuble moderne entouré de terrains vagues et de détritus. Décalé. Mais pas en Inde…

Après avoir traversé les voies, on pénètre dans un quartier de chiffonniers. Des déchets de tous ordres récoltés ici et là sur la voie publique s’entassent de part et d’autre, créant des ruelles aux murs d’ordures. Parfois s’élèvent des cases de briques où logent des familles. Au dehors, les enfants jouent au cricket dans les odeurs de pourritures, les femmes lavent du linge à une pompe commune. Puis nous débouchons sur une rue bordée d’entrepôts industriels, principalement de métallurgie. Des camions délabrés y attendent d’être chargés de quelques tonnes de ferraille.

26 janvier: fête nationale indienne

C’est jour férié et la rue est remplie de jeunes indiens jouant au cricket ou de moins jeunes tapant le carton ou discutant autour d’un tchaïwallah. On cherche le block C-66… Mine de rien, le soleil de janvier tape. On y va au pif. Puis on demande notre chemin à un indien lisant son journal sur le pas de sa porte. On trouve Vintage Rides un peu plus loin. Mais c’est fermé. Heureusement, un gardien nous reçoit, fait quelques téléphones, puis arrive à joindre la personne avec qui j’avais rendez-vous. Elle a complètement oublié notre rencontre et se trouve à l’autre bout de Delhi. On convient de se faire un skype à mon retour en Suisse. Pas de bol, mais ça nous aura permis de découvrir cette partie de Delhi que je ne connaissais pas encore.

Lotus Temple

Le Lotus Temple, un temple Baha'i

On reprend le métro et on s’arrête au Lotus Temple, qui est sur la route. En sortant de la station, on aperçoit une longue, très longue file d’indiens sur le bord de l’avenue, qui attendent pour entrer dans un temple hindou, les mains chargées d’offrandes. Ils sont tous sur leur trente-et-un, les femmes ont sorti leurs plus beaux saris. On remonte la file jusqu’à l’entrée du Lotus Temple, où on s’arrête pour manger un dosa. Ou deux… Lorsqu’on a fini, la file à l’entrée du Lotus Temple (jour férié…) s’est considérablement allongée. A tel point qu’on renonce à y entrer.

Kalkaji Temple

Kalkaji Temple

Une femme avance en se prosterant jusqu'au templeOn retourne donc en direction de la station de métro, mais en chemin, intrigués par la file à l’entrée du temple hindou de Kalkaji, on décide d’y aller y jeter un œil. Fort heureusement, la file ne concerne que celles et ceux qui souhaitent entrer dans le temple et il est possible de la remonter si on se contente des abords de ce dernier qui regorgent d’échoppes de toutes sortes : offrandes, colifichets religieux, pâtisseries, bouffe, etc. On s’engage donc dans les ruelles bondées. Des flics y font la circulation des piétons et gèrent le flux de pèlerins. On se fait happer par les courants humains qui se répandent dans les allées de part et d’autre du temple. Une véritable cour des miracles s’offre à nos yeux. En haut d’escaliers bordés de boutiques, un sâdhu lilliputien et difforme trône sur un muret. Des mendiants et des autels de fortunes jalonnent la montée au centre des escaliers. Une femme avance vers le temple en faisant des prosternations ; elle se couche au sol les bras allongés, tandis qu’une autre marque à la craie l’endroit où arrive le bout de ses doigts. Puis elle se relève, marche jusqu’à la marque et se prosterne à nouveau. Sous un arbre, un hirja (caste de transsexuels et de travestis) discute au centre d’un petit groupe. Un manège antédiluvien amuse quelques enfants.

On débouche sur une route à fort trafic ; on revient sur nos pas jusqu’au temple, puis on reprend un autre allée, sous une porte à arabesque, qui nous conduit à des salles de dévotion et de prière. Dans l’une d’elles, une femme chante devant un parterre de dévots. A l’angle d’une terrasse, un brahmane garde un petit temple où des femmes viennent déposer des offrandes ou donner quelques roupies. Un peu plus loin, une grande fête a dû avoir lieu. Une gigantesque scène s’étend le long d’un grand espace couvert de tentures, que des ouvriers sont en train de démonter. Les milliers de fleurs des décorations se fanent déjà. L’entrée du métro est juste à côté.

On retourne à Paharganj. Dans les petites ruelles derrière Main Bazaar, une fête de pré-mariage bloque la rue. Des femmes chantent des chansons traditionnelles, tandis que d’autres dansent dans le crépuscule au rythme des battements de mains.

Un vendeur de patisseries (offrandes) au temple de KalkajiUn sadhu liliputien

 

Un bâtiment attenant au temple

Femmes et offrandes au Kalkaji Temple

 

 

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